Bien rédiger un alt-text

09/2024
5 minutes
Design accessible

L’alt-text sert à décrire les images aux utilisateurs de lecteur d’écran (malvoyants, aveugles, mais aussi dyslexiques). Il permet aussi d’accéder à l’information lorsque la connexion est mauvaise ou si une erreur de chargement se produit sur la page. Grâce à l’alt-text, l’information clé de l’image reste accessible à tout le monde.

Si vous travaillez dans le digital, vous pensez peut-être maîtriser le sujet. Pourtant, les erreurs d’alt-text sont parmi les plus fréquentes en matière d’accessibilité. Moi-même, j’ai dû en corriger plusieurs sur mon portfolio après un audit d’accessibilité. Le sujet est donc plus complexe qu’il n’y paraît. C’est pourquoi je vous propose quelques conseils pour ne plus vous tromper.

Prenez en compte le contexte

Avant toute chose, demandez-vous si l’image a besoin d’un alt-text ou si elle est décorative. On remplit l’alt-text quand l’image véhicule une information essentielle pour la compréhension de la page, qui n’est pas déjà donnée dans le texte à proximité.

Par exemple, imaginons un titre “Parc à loups de Tamara” accompagné d’une photo de loups dans un enclos. L'alt-text pourrait être : deux loups dans un enclos près d’un arbre. Ici, j’indique le nombre de loups et leur environnement car ce sont des informations non mentionnées ailleurs. En revanche, si ces informations étaient déjà données ailleurs, alors l’image serait décorative et l’alt-text pourrait rester vide.

L’astuce est de tester la page avec un lecteur d’écran. Si vous entendez deux fois la même phrase (dans votre texte principal et votre alt-text), alors vous devez corriger quelque chose.

N’automatisez pas la rédaction des alt-text

Certaines personnes essaient de gagner du temps en attribuant un alt-text par défaut dans les paramètres de l’image, au cas où il serait nécessaire. Mais ça ne fonctionne pas toujours. Une image peut être réutilisée plusieurs fois sur un même site (ou une même page) et ne pas toujours avoir la même signification. Ça arrive souvent avec les icônes.

Prenons un exemple. J’utilise trois fois la même icône d’imprimante mais dans des situations différentes :

  • Cas n°1 : l’icône indique à l’utilisateur qu’il peut imprimer la page. Ici, l’alt-text est décoratif, car le texte à proximité précise déjà cette fonction.
  • Cas n°2 : l’icône est utilisée sans texte à proximité. Dans ce cas, il est nécessaire de décrire l’intention derrière l'image dans l’alt-text.
  • Cas n°3 : l’icône est accompagnée du texte “votre matériel”. Si l’utilisateur n’a qu’un seul type de matériel, l’alt-text peut rester décoratif. Mais s’il peut y en avoir d’autres, alors il faudra préciser qu’il s’agit des imprimantes dans l’alt-text ou le texte à proximité.

Ne dépassez pas 80 caractères pour un alt

On lit parfois que les lecteurs d’écran arrêtent la vocalisation d’un alt-text au-delà d'un certain nombre de caractères. C’est ce qui est expliqué dans un article de Copsaé. "Le lecteur d’écran NVDA arrête sa lecture autour de 90 caractères et il est nécessaire de la relancer manuellement (en appuyant sur la touche flèche bas). Mais le lecteur d’écran annonce alors qu’il s’agit d’une image à chaque poursuite de lecture ; le texte en devient bien moins clair." Julie Moynat insiste d'ailleurs sur le fait que l'alternative doit être courte et concise car c'est l'un des tests à remplir pour se conformer au RGAA (voir le test 1.3.9)

Si votre alt-text nécessite plus de 80 caractères, demandez-vous si l’information ne devrait pas plutôt être accessible dans le texte à proximité. De cette façon, tous vos utilisateurs pourront la consulter. C’est notamment le cas des graphiques qui comportent une multitude d’informations. Il vaut mieux combiner alt-text et description de l’image dans ces cas-là.

L’alt-text ne sert pas à améliorer votre SEO

Vous le savez peut-être mais je me permets de le rappeler, car je l’ai encore vu dans un webinar auquel j’ai participé récemment. Certaines personnes pensent qu’on peut ajouter des mots-clés dans l'alt-text pour améliorer son SEO. Bien entendu, si vous utilisez des mots-clés pertinents pour décrire une image, ça participe à vos efforts de SEO. Mais si vous faîtes du bourrage de mots-clés, vous risquez d’être pénalisé par Google.

Exemple :

Image qui n'a pas chargé et son alt-text bourré de mots-clés qui ne veulent rien dire

Dans l’exemple ci-dessus, l’image n’a pas chargé. Mais on n’a pas besoin de la voir pour comprendre que son alt-text est totalement inutile.

Bon à savoir

On peut ajouter un alt-text pour le SEO qui sera ignoré par les lecteurs d’écran. Mais je vous conseille de vous faire accompagner par un spécialiste du sujet pour ne pas tomber dans le piège du bourrage de mots-clés.


Une image décorative ne veut pas dire qu’on ne met pas d’alt

Cette partie vous concerne surtout si vous êtes développeur ou développeuse. Mais ça peut être intéressant de le savoir quand même pour bien collaborer entre les métiers. Si votre designer a indiqué que l’image est décorative, alors l’alt-text doit être vide (alt=""). Mais attention à ne pas confondre alt vide et alt manquant. L’image doit toujours avoir un attribut alt, qu’il soit vide ou renseigné.

Plus d'astuces pour bien rédiger un alt-text

  • L’arbre décisionnel du W3C : en cas de doute, cet arbre décisionnel vous aide à déterminer si un alt-text est nécessaire et comment le rédiger correctement.
  • Générer un alt-text avec ChatGPT : si vous avez du mal à décrire une image, servez-vous des outils d’IA comme ChatGPT. Vous pouvez importer votre image et lui demander de générer des propositions. Il faudra peut-être lui préciser la longueur et modifier quelques détails, mais ça peut vous faire gagner du temps.