Design pour la dyslexie

La dyslexie affecte environ 10 % de la population mondiale. C'est un handicap cognitif et une neurodivergence, car elle implique un traitement de l'information différent de celui de la plupart des gens.

Mais ça n'a rien à voir avec une déficience intellectuelle et il y a même des avantages. Les personnes dyslexiques ont souvent une meilleure vue d'ensemble, de grandes capacités à résoudre des problèmes, à anticiper des tendances et à inventer des solutions originales.

Les difficultés associées à la dyslexie peuvent varier d'une personne à l'autre. Certaines confondent l'ordre des lettres, comme "bain" et "bani". D'autres perçoivent les lettres comme des objets en 3D et peuvent avoir du mal à distinguer les lettres p et q, ou d et b. Étant donné que les difficultés varient, il n'y a pas de solution universelle.

Je vous propose quan même quelques astuces pour faciliter la lecture pour tout le monde, y compris les personnes dyslexiques. Ce sont des changements rapides à mettre en œuvre qui ne dégraderont pas votre design original.

Astuces rapides

Faites des lignes de texte courtes

Les lignes de texte courtes sont plus faciles à lire. Ça s’applique bien sûr aux personnes dyslexiques, mais c’est aussi vrai pour tout le monde. Pour un confort de lecture optimal, on recommande de ne pas dépasser 80 caractères par ligne.

Ajustez l’interlignage à 150 %

L’interlignage, c’est l’espace entre les lignes d’un texte. Sur Figma, vous pouvez l’ajuster à 150 % pour optimiser l’expérience de lecture. Sur Word ou Google Docs, il faudra choisir une interligne de 1,5. Le résultat peut varier légèrement en fonction de la police choisie, mais c’est un bon repère.

Vérifiez que votre site gère correctement les espacements

Parfois, l’interlignage à 150 % ne suffit pas. Les personnes dyslexiques peuvent alors avoir recours à une extension d’éditeur d’espacement sur un navigateur. Ce type d’extension permet d’ajuster les espacements entre les lignes, mais aussi entre les lettres, les mots et les paragraphes. En jouant avec les paramètres de l'extension, vous pouvez vérifier que votre texte ne sort pas des blocs et ne se chevauche pas. Si votre site a été correctement codé, ça ne dégradera pas votre design.

Choisir une police pour contrer la dyslexie

Les polices OpenDyslexic, Dyslexie Font et EasyReading ont été spécialement conçues pour faciliter la lecture des personnes dyslexiques. Chaque lettre a une forme unique et ne peut donc pas être confondue avec une autre.

Plusieurs études ont été menées pour déterminer leur impact réel sur la lecture, en les comparant notamment à Arial et Times New Roman. Les résultats sont assez mitigés et tendent vers une absence d’amélioration significative. Seule EasyReading parait avoir un réel bénéfice, mais il s’agit d’une étude isolée dont le résultat mériterait d’être confirmé par d’autres.

J’ai utilisé la police Atkinson Hyperlegible sur le site de Neon. Conçue par l’Institut Braille pour les personnes malvoyantes, elle peut participer à l’amélioration de l’expérience de lecture en général.

Ne mettez pas d'infos importantes dans un placeholder

Le placeholder est un attribut permettant d’afficher du texte par défaut dans certains champs de formulaire. Ce texte s’efface dès que l’utilisateur commence à saisir du contenu. Chez les dyslexiques, les déficits de la mémoire à court terme ou de la mémoire de travail sont des troubles récurrents. Par conséquent, si vous utilisez un placeholder, assurez-vous qu'il ne remplace pas une information importante comme le format attendu.

Ressources sur la dyslexie

• Dys et ordinaire, parce que tout le monde ne naît pas Einstein est une BD d’Athénaïs Fondevrelle pour donner la parole aux personnes dys, déconstruire les clichés et donner de meilleures clés de compréhension sur ces troubles.
• Canal+ propose les Dystitles, une méthode de sous-titrage conçue pour les personnes dyslexiques qui souhaitent profiter de films et de séries en version originale.
• The Big Picture: rethinking dyslexia est un documentaire de 2012 sur la dyslexie. En rassemblant des témoignages de personnalités concernées et d'experts, il met en lumière les causes neurologiques de la dyslexie, rejetant ainsi l'idée de toute association avec la paresse ou une quelconque déficience intellectuelle.