Le design neuroinclusif

Au même titre que la biodiversité dans la nature, la neurodiversité désigne la diversité des cerveaux et des esprits humains. Les personnes concernées sont appelées neurodivergentes car leur cerveau est “câblé” de manière divergente de la norme. Ça entraînne une toute autre perception de l’environnement, avec ses forces et ses défis. La neurodivergence ne constitue pas un handicap en soi, c’est une différence. Mais la forme que ça peut prendre relève parfois du handicap. On estime qu’entre 15% et 20% de la population mondiale présente au moins une forme de neurodivergence, parmi lesquelles :

• le Trouble du Spectre de l'Autisme (TSA) ;
• le Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H) ;
• les troubles dys (dont la dyslexie) ;
• la douance (ou Haut Potentiel Intellectuel) ;
• l’hypersensibilité ;
• le fait d’être gaucher (si, si !).

Le design neuroinclusif prend en compte les difficultés associées à la neurodivergence, ce que l'on peut aussi retrouver en architecture et design d'intérieur. Dans un espace réel ou virtuel, il est donc possible de prendre en compte la surcharge sensorielle, ennemi commun de la plupart des personnes neurodivergentes. Mais ce n'est pas le seul paramètre que vous pouvez addresser sur le digital. Voici donc quelques astuces de designer pour prendre en compte la neurodiversité. 

Principes du design neuroinclusif

Alignez votre texte à gauche

De manière générale, il est préférable d’aligner votre texte à gauche, surtout pour de longs paragraphes. À moins que vous ne consultiez mon site avec un lecteur d'écran, c'est ce que vous voyez sur cette page.

Un texte justifié est aligné à gauche et à droite sur la page. Les espacements entre les mots dépendent donc du nombre de mots qui tiennent sur une ligne. Ça veut dire que pour chaque ligne, les espacements ne sont pas les mêmes. Ça peut même donner des lignes un peu étranges avec trois ou quatre mots séparés par d'énormes espaces. Dans l'édition, on ne subit pas ces écarts car des spécialistes sont chargés de modifier manuellement ces espacements. Sur le web, nous avons trop de tailles d'écran différentes pour atteindre ce niveau de finesse. Les codes de l'édition papier ne peuvent donc pas toujours s'appliquer au digital.

Un texte centré est parfait pour les titres. Mais ce sera difficile de lire tout un paragraphe avec cet alignement car notre oeil cherchera l'emplacement du texte à chaque ligne. C'est compliqué pour les gens qui ont déjà des difficultés d'attention ou qui inversent les lettres. Ça ralentit et complexifie leur lecture, surtout pour les personnes dyslexiques. Si vous souhaitez vraiment utiliser l'alignement centré, ne dépassez pas trois lignes de texte.

Utilisez des icônes différentes dans vos listes

Certaines personnes neurodivergentes peuvent avoir des difficultés à se repérer dans l'espace ou à concentrer leur attention quelque part. C'est le cas notamment des personnes avec un TDA/H. Une page web peut donc leur poser les mêmes difficultés. Mais vous pouvez facilement leur fournir des repères supplémentaires. Par exemple, coupez les longs blocs de texte en plusieurs sections et utilisez des listes quand vous pouvez. Vous pouvez aussi vous servir d'icônes différentes plutôt que des puces de liste. Ça renforcera les repères de lecture pour tout le monde. Ce genre de bonnes pratiques est très important pour des personnes avec un handicap cognitif, mais en réalité, c'est aussi la base du graphisme. 

Évitez les métaphores

Pour certaines personnes neurodivergentes, notamment dans le cas du Trouble du Spectre de l’Autisme, les codes sociaux peuvent être difficiles à appréhender. Ça peut, par exemple, s'appliquer à certaines formes d'humour comme le sarcasme, ou les métaphores. Dans votre communication, évitez les sous-entendus, soyez clairs. Et si vous voulez vraiment utiliser des métaphores, prenez le temps de les expliquer par la suite. Ça aidera tout le monde à bien vous comprendre, y compris des personnes allophones (pour qui le français n'est pas la langue maternelle).

Design neuroinclusif pour le TDA/H

Si vous souhaitez en savoir plus sur le design neuroinclusif, et plus particulièrement le TDA/H, je vous recommande cette case study. J'ai accompagné la start-up Inflow dans sa refonte graphique et la conception de leur site spécifiquement pour des personnes avec un TDA/H. Grâce à leur expertise, j'ai beaucoup appris sur le design neuroinclusif et j'ai quelques astuces supplémentaires à vous proposer.